L'attention. Ce mouvement naturel est initié par nos cinq sens et il se porte vers l'extérieur. Anatomiquement, il est aisé de constater pourquoi. Nos organes de perception se situant sur des parties extérieures de nos corps. Bien souvent étant, ou étant recouverts par, notre épiderme.
Donc sentir, ressentir, est quelque chose d'épidermique. Et tout nous pousse à le faire au dehors. En oubliant souvent le dedans.
Par conséquent, quoi de plus logique que de se faire des amis, des ennemis, trouver des coupables, des boucs-émissaires, etc, etc, à l'extérieur de nous-mêmes.
Alors que ce qui est vu, entendu, etc, n'est que le reflet de nos propres perceptions intérieures agréables et désagréables. Les personnes ainsi investies de nos sensations n'agissent qu'en tant que stimulis. Nous passons notre temps à aller à notre propre rencontre. En conscience et en déni. Soit on reconnaît des choses que l'on aime chez nous, soit on refuse de voir en nous ce qui nous déplait en l'autre jusqu'à ce que...
Ainsi va le processus de la connaissance de soi.
Arrive enfin le jour où nous comprenons qu'il n'y a pas tant de frontières que ça entre l'extérieur et l'intérieur et que le désordre du monde n'est que la projection de notre propre chaos intérieur. Alors la chasse aux coupables cesse et le regard se tourne vers l'intérieur. On a beau couper les têtes de l'hydre, elles finissent toujours par repousser. Le monde est un écrin où chaque écueil est un indicateur qui amène progressivement à la connaissance de soi. Tout pousse au dépouillement, au déconditionnement pour avoir l'esprit aussi pur et souple que celui d'un nouveau né.
Et chaque "coupable" ne l'est pas plus qu'un tas d' "innocents" car ce sont les deux faces d'une même pièce et l'un permet à l'autre d'aller jusqu'au bout de l'une de ses tendances tout en lui en épargnant les conséquences et il vit une certaine forme d'expérience par procuration. Qui a décidé des lois si ce n'est les hommes ? Qui a décidé d'avoir des chefs si ce n'est les hommes ? Nous avons ainsi décidé d'investir certaines personnes de certains rôles de pouvoir ou de pénitence car nous avons refusé de prendre le pouvoir en nous-mêmes et la contrition au fond de nos cœurs.
Il n'y a pas de solution car il n'y a pas de problème. Et il y a autant de mondes que de regards.